Cet article pour te donner des pistes face aux pensées envahissantes et t’aider à vaincre la voix du découragement. Courage, tu vas y arriver !
Cet encouragement qui va suivre ne sort pas de nulle part, j’ai relu mes auto-observations alimentaires lors de mes premières semaines en clinique sur lesquelles figuraient les aliments que je mangeais, l’heure, la sensation de faim, les émotions, les pensées… Aujourd’hui, soit 4 ans après ma sortie de clinique, j’ai le recul sur toutes ces situations et peux te donner quelques clés pour aller de l’avant !
Lorsque nous sommes plongés dans la tempête des TCA, il y a une voix qui vient toujours nous décourager et nous dire des mensonges, je l’appelle la voix de l’ennemi. Pendant des années, cette voix n’a cessé de me parler et de m’accabler à longueur de journée. Je lui ai accordé de l’importance et je lui ai laissé la place pour s’installer, j’ai collaboré avec elle, si bien qu’au bout d’un certain temps, je ne me rendais même plus compte que c’était elle qui était responsable de beaucoup de mes maux. Mais j’avais aussi ma part de responsabilité, je l’ai laissé s’installer !
Lorsque je suis entrée en clinique spécialisée pour les TCA, la renutrition n’a pas été facile… Les premières bouchées ont été un combat, la voix de l’ennemi me persécutait et parlait fort, elle avait beaucoup d’autorité ! Mais j’ai décidé qu’elle n’aurait pas le dernier mot. J’ai commencé à écrire toutes ces pensées envahissantes vis-à-vis de la nourriture sur un cahier. J’ai remarqué que c’était souvent les mêmes qui revenaient, ci-dessous 5 catégories (il y en a d’autres mais si on traite ces 5, c’est déjà pas mal !) :
1) La culpabilité
J’ai peur de grossir ; j’ai trop mangé ça ne va pas il faut que je me reprenne ; je dois faire plus de sport pour éliminer ; je n’ai rien fait je ne devrais pas manger tout cela ; ce n’était pas nécessaire que je mange une pomme au goûter ; pourquoi j’ai faim ? Je ne devrais pas ; je n’aurais pas dû manger ce dessert ; oh non j’ai craqué j’ai beaucoup trop mangé je dois compenser d’une manière ou d’une autre…
La réalité : même si tu ne fais rien, ton corps a besoin de se nourrir pour vivre et fonctionner. Il est normal en tant que personne en état de dénutrition que tu aies besoin de manger plus que la normale, ne t’inquiète pas, au fil du temps tout va rentrer dans l’ordre. Le temps de reprendre ton poids physiologique et même encore quelques mois après, tu vas manger plus que la normale et c’est ok ! De plus, tu n’as pas besoin de faire du sport pour mériter de manger, se nourrir n’est pas une question de mérite, c’est un besoin physiologique, alors oui tu as le droit de manger et même de prendre du plaisir en mangeant. Si tu sens que tu as trop mangé, pars du principe que ce que tu ressens n’est pas forcément la réalité, compenser ne va pas t’aider mais empirer le processus. Souvent, lorsque nous sommes dénutries, nous avons cette impression d’avoir trop mangé car notre estomac a tellement rétréci durant ces années de privation qu’il prend du temps pour reprendre sa taille normale, du coup il est un peu stretché par la quantité de nourriture qui arrive et qui n’est pas habituelle. Et même si c’était le cas, même si tu avais trop mangé, ce n’est pas grave, tu es en train d’apprendre à écouter ton corps et à te reconnecter avec lui, tu as le droit de faire des erreurs.
2) Désaccord/déconnexion corps – esprit
J’ai du mal à accepter que mon corps réclame autant de nourriture ; mon corps a mangé à sa faim mais ma tête me dit que j’ai trop mangé ; ma tête ne voulait pas manger mais mon corps réclame de la nourriture.
La réalité : Le chemin de réconciliation avec ton corps est un processus, que tu puisses accepter que ce processus prenne du temps. Chaque jour, tu avances, petit à petit, et même si tu as l’impression de reculer, n’écoute pas cette voix ! Même si tu rechutes, tu avances et tu apprends. Durant plusieurs années, je me suis déconnectée d’avec mon corps, j’ai décidé de ne plus l’écouter, de le mépriser, de le négliger, de le faire taire. Sur le chemin de la guérison, j’ai choisi de lui demander pardon, je l’ai écouté à nouveau, et il en avait des choses à me dire ! Je devais tout réapprendre, fonctionner avec lui en équipe et non pas en rival. J’ai réalisé qu’il avait faim, vraiment faim ! C’était perturbant de lui donner autant de nourriture mais je savais qu’il en avait besoin. Au début, c’était vraiment un casse-tête, est-ce que c’est mon corps qui parle ? Est-ce que c’est la voix de l’ennemi ? Lorsque cette voix se faisait entendre : « j’ai trop mangé, j’ai trop mangé… », Je ne lui accordais plus d’importance, je me focalisais sur la reconnexion avec mon corps, il avait beaucoup mangé mais il était content !
3) La peur
J’ai peur de prendre du poids d’un coup ; je suis tellement anxieuse lorsque j’ingère des aliments ; j’ai peur de tomber dans un extrême où je mange tout le temps tout le temps tout le temps ; j’ai peur d’avoir trop mangé ; j’ai peur d’avoir envie de manger en permanence.
La réalité : Tu ne peux pas prendre du poids d’un seul coup et devenir en surpoids du jour au lendemain, même si la courbe de la reprise de poids ne sera pas identique chez tout le monde. Tu ne peux pas non plus tomber dans un extrême où tu manges en permanence durant des mois et des années. Il est vrai qu’au début de la renutrition tu auras faim tout le temps mais je te rassure c’est normal ! Je suis passée par cette phase et elle a duré plusieurs mois, tout simplement parce que mon corps n’avait pas encore atteint son poids physiologique, il avait donc besoin de plus de nourriture que la normale. Par exemple, le midi je mangeais un plateau repas en entier et 30 minutes après j’avais de nouveau faim… C’est perturbant mais je l’ai accepté, le mauvais réflexe aurait été de me priver. J’ai donc accepté cette phase, si j’avais faim (même 30 minutes après le repas), je mangeais. En réalité, toutes ces peurs liées à la nourriture renferment des peurs bien plus profondes sur ton vécu et les traumatismes que tu as pu traverser (exemple : peur de grandir et d’avoir des responsabilités).
4) Le manque d’estime de soi et le rejet de notre image corporelle
Je me sens tellement lourde ; je n’aime pas mon corps je ne peux pas me regarder dans le miroir ; j’ai de la graisse abdominale c’est horrible ; je commence à avoir de la cellulite je n’aime pas du tout ; mes cuisses se touchent quelle horreur ; je ne m’aime pas ; pourquoi mon corps est comme cela ? Je suis moche, ce n’est pas possible je ne peux pas prendre du poids je n’aime déjà pas mon corps maintenant ; de toute de façon je ne sers à rien ; personne ne me remarque je n’ai aucune valeur ; je n’y arriverai jamais dans la vie.
La réalité : Toutes ces pensées, ce n’est pas qui tu es ! Je comprends, je les ai moi-même eues. Impossible de me regarder dans le miroir, impossible de ne pas juger mon corps en permanence et d’avoir envers lui des exigences. Mais cela n’a pas duré éternellement car j’ai choisi de changer mon attitude, et si je commençais par demander à Jésus comment Lui Il me voit, c’est Lui qui m’a créée, s’il y a bien un regard objectif, c’est le sien. A partir de ce moment là, j’ai entendu : « Tu es belle, tu es une créature merveilleuse, tu n’aimes pas ton corps mais moi je l’aime et je vais t’apprendre à l’aimer. On va y arriver ensemble. Tu as beaucoup plus de valeur que ce que tu penses, ta valeur c’est moi qui te la donne, elle ne repose ni dans le regard des autres, ni dans la nourriture que tu manges, ni dans les performances que tu fais, ni dans la réussite, ni dans l’échec. Indépendamment de tout cela, ta vie vaut de l’or. Pour toi, j’ai des plans de bonheur et un avenir rempli d’espérance. » Dès lors, j’ai choisi d’adopter le regard de Dieu sur moi, sur mon corps, sur ma vie. Chaque jour, lorsque des pensées dévalorisantes se manifestaient, je commençais à renoncer à haute voix à ces pensées et je déclarais ce que Dieu disait de moi.
5) Le contrôle
Quand est-ce que sera ma prochaine prise alimentaire ? Qu’est ce que je vais manger ce soir, et demain ? Si je mange cet aliment, est-ce que je vais grossir d’un coup, est-ce que ça va se voir sur la balance ? Ok alors si je mange cet aliment ce midi, ce soir je ne mange pas ; si demain matin à la pesée j’ai pris du poids, alors je ne mangerai pas le midi et je mangerai qu’un peu le soir…
La réalité : Derrière le contrôle de l’alimentation, c’est notre vie que nous voulons contrôler. Pourquoi ? Parce que nous n’avons pas envie de souffrir, parce que nous n’avons pas envie d’être blessés à nouveau, parce que le changement et l’imprévu ne sont jamais confortables. Tu sais quoi ? Nous ne pouvons pas contrôler notre vie, nous ne pourrons jamais la contrôler. Par contre, nous pouvons choisir. Allons-nous choisir de contrôler tout ce qui serait possible de contrôler jusqu’à épuisement tout en sachant qu’il y a des éléments extérieurs qui sont hors de notre contrôle ? Ou choisissons-nous de lâcher prise tout en sachant que c’est Dieu qui nous a créé et que notre vie et sa durée ne dépendent pas de nous, mais de Lui ? Si nous avions le contrôle de toute notre vie, ça serait la catastrophe assurée ! Et en plus ça serait très ennuyant… La bonne nouvelle, c’est qu’Il nous connaît mieux que nous-mêmes et sait tout ce dont nous avons besoin, alors laissons lui les voiles, Il saura diriger notre bateau, même au milieu des tempêtes ! Nous ne pouvons pas vivre une vie sans épreuves, sans blessures et sans difficultés, mais nous pouvons choisir de traverser ces épreuves dans la paix et la joie, dans Sa paix et Sa joie.
« En effet, moi, je connais les projets que je forme pour vous, déclare l'Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance. » (Jérémie 2
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